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L’Académie d’agriculture de France . Une vision de l’agriculture Française de l’entre-deux-guerres

Entre 1919 et 1939, dans les murs de l’Académie d’Agriculture de France (AAF), l’agriculture a été abordée sous ses aspects économique, sociologique, politique. Quelle vision en résulte-t-il? C’est à la réponse à cette question que s’attache cet ouvrage Les questions qui touchent à la grande agriculture sont très présentes, notamment l’exode rural qui raréfie la main-d’œuvre disponible. Mais l’exploitation familiale, si elle n’est pas étudiée en tant que telle, est reconnue comme portant les vertus morales que requiert la « démocratie rurale. » Les grands agriculteurs « sont chez eux » à l’Académie et c’est à travers leur regard que se matérialise la vision de l’agriculture que renvoie l’Institution. Le départ de nombreux travailleurs agricoles vers les emplois urbains et industriels, constitue une quasi obsession. Cette vision est en accord avec l’importance de la force de travail humaine dans les processus productifs, une réalité que ne parvient pas encore à battre en brèche la mécanisation et encore moins une motorisation balbutiante. Les conditions désastreuses dans lesquelles sont maintenus les ouvriers par leurs employeurs provoquent la critique, voire la compassion. Concernant la structure agraire, l’AAF milite pour le remembrement. Concernant la fiscalité, l’AAF se constitue en caisse de résonnance des plaintes traditionnelles des agriculteurs et, à propos des politiques publiques, l’AAF est systématiquement en faveur de mesures protectionnistes. Cependant, certaines politiques publiques sont évoquées pour s’en féliciter, comme c’est le cas pour le Crédit agricole mutuel. Au contraire, d’autres sont fermement critiquées comme celle du Front Populaire et son ONIB (Office national interprofessionnel du blé), l’AAF marquant ainsi son appartenance au camp des conservateurs. La position exprimée à l’AAF est claire : protection aux frontières, libéralisme à l’intérieur. Des marchés domestiques, l’Académie a cependant une vision critique, défendant les agriculteurs dans des filières où la commercialisation est dominée par les intermédiaires, tout en restant fidèle à son idéologie libérale. Conservatisme, protectionnisme, humanisme vis-à-vis des groupes agricoles défavorisés, mise en avant du modèle d’exploitation à salariés sans que celui de l’exploitation familiale soit condamné, d’où l’expression de louanges à l’égard de la « démocratie rurale », tels sont les comportements qui conduisent à la vision de l’Académie d’agriculture de France dans l’entre-deux-guerres
Bernard Roux est ingénieur agronome (P 61), titulaire d’un diplôme d’étude supérieure en économie, docteur de troisième cycle en géographie. Après un début de carrière comme enseignant à l’INA Paris-Grignon, il a séjourné en Espagne comme membre de la Casa de Vélazquez. Ses recherches se sont ensuite poursuivies à l’INRA (Institut national de la recherche agronomique). Il a animé plusieurs groupes de recherche européens, notamment le MEDEF (Méditerranée défavorisée). Il a dirigé plusieurs années la revue Economie Rurale. Il est actuellement membre émérite de l’Académie d’agriculture de France où il anime un groupe de travail sur les formes alternatives d’agriculture.