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Agro en librairie - Le blé une ambition pour la France

13 juillet 2020 Association
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Philippe Ballan (P 58) nous fait l'honneur de partager son analyse complète du livre "Le Blé une ambition pour la France" 

Auteur : Henri de Benoist (P 59)
Entretien avec Yannick Le Bourdonnec 
Editions Tallandier octobre 2019 -190 pages.

Un tiers des habitants de la planète mange du blé, et « l’or jaune « est cultivé sur tous les continents. L’emblavement représente 35% des terres arables du globe. Importatrice nette avant 1914, la France est devenue 5ème exportatrice du monde. Un siècle de « saga « nous est présenté dans cet ouvrage d’un de nos plus brillants dirigeants agricoles. Exploitant dans l’Aisne depuis 1963, responsable syndical FNSEA, président de l’AGPB de 1986 à 2004, membre du CES(E), Henri de Benoist a incarné la filière céréalière pendant un demi-siècle, avec l’ambition de faire entrer la France dans le club des grands pays exportateurs de blé.

Il décrit avec minutie les étapes de cette longue ascension depuis l’engagement pris en 1949 d’exporter 90000 t annuelles jusqu’aux 17,5 millions en 2018, soit environ la moitié de la production moyenne annuelle : la longue période de « cogestion » profession/Etat donnant l’élan et la stabilité nécessaires, la France a pu s’imposer face aux Etats-Unis, aborder le marché chinois, répondre aux demandes d’Afrique du Nord et Moyen-Orient. Aujourd’hui, l’embargo imposé à la Russie aura finalement contribué à créer un concurrent redoutable qui accapare déjà 25% du marché international. L’auteur s’interroge alors sur nos chances de maintenir notre place et fixe les conditions pour y parvenir.

Au fil du récit, on mesure l’importance joué par l’ONIC, créé en 1926, l’aiguillon de la JAC, l’obligation de produire après la guerre, les lois Pisani, les institutions spécialisés par produits, l’utilisation des taxes : le cas d’UNIGRAINS, créé pour aider nos exportations, et qui oriente aussi son action vers l’élevage et les utilisations nouvelles de céréales, symbolise bien la stratégie de la profession. A un moindre degré, la création de FERT marquera une volonté d’ouverture aux problèmes du développement des pays les plus pauvres.

L’auteur nous entraine aussi dans le tourbillon des discussions internationales menées dans le cadre de l’appartenance à l’Union Européenne. Ce fut notamment les longues négociations du GATT ( de 1986 à 94 !), et les accords de Blair House. En ce qui concerne l’Union Européenne, il s’agit les discussions avec la Commission, de la réforme de la PAC de 1992 et la distinction en 2 « volets » (aides directes et 2ème pilier « environnemental »), le découplage des aides, et pour finir la sensation actuelle de vouloir trop « verdir » la politique agricole commune…

Le livre vaut aussi pour l’analyse comparative des filières, en particulier la réussite des oléoprotéagineux et la création de SOFIPROTEOL avec Jean-Claude Sabin, l’erreur de stratégie pour l’élevage avec le système des quotas laitiers, les innovations réussies (la jachère énergétique, la reconnaissance du « bio »), la réflexion sur les territoires avec la création de « Sol et Civilisation », l’accent mis sur l’augmentation de productivité, clé de la réussite. Mais l’auteur n’oublie pas qu’en agriculture le « vrai maitre du jeu, c’est le climat ».

Des gains de compétitivité sont encore possibles, et « il n’y aura pas d’incompatibilité entre une politique de production respectueuse de l’environnement et la performance économique ». Tel est le message que nous livre l’auteur, après avoir exploré le passage de l’agriculture raisonnée à la certification HVE (haute valeur environnementale).Mais il alerte sur les difficultés de maintenir notre compétitivité au regard des contraintes environnementales: d’après les calculs d’ARVALIS, héritière de l’ITCF qu’il présida lui-même, la seule interdiction du glyphosate augmenterait de 70€ le coût de production à l’hectare, soit « plus que le revenu annuel ».

Le livre vaut aussi pour la réflexion de l’auteur sur notre relation avec les agriculteurs. L’auteur déplore que les media ne reconnaissent pas les efforts faits pour réduire les intrants, protéger la biodiversité, aller vers un « moindre travail du sol et la diversification des espèces, socle de l’agriculture durable », parlant même de la délation pratiquée par les journalistes. Laissant la plume à un plus jeune, Jean-François Isambert, vice-président de l’AGPB, il nous livre cette conclusion : « nous faisons un métier qui assure la sécurité des autres : qui coche autant de cases que l’agriculture parmi les 17 objectifs du développement durable ?" 

Merci à Philippe BALLAN (P 58) pour le partage de cette analyse à la communauté des alumni d'AgroParisTech.

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