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Portrait - Cécile Lorenzo (E 98) : Tisser l’innovation entre science, texture et impact sociétal
Depuis ses 13 ans, Cécile Lorenzo savait ce qu’elle voulait : réinventer la crème fraîche et la mayonnaise pour les rendre plus saines, sans rien céder au plaisir. Cette intuition précoce la mènera naturellement à l’ENSIA Massy (promo E 98), où elle se spécialise en sciences des aliments, avec un appétit certain pour la texture, le sensoriel et la nutrition.
Elle complète son parcours par un DEA en rhéologie, avec une thèse sur les "systèmes à particules molles" (yaourts, compotes, biscuits) en perspective, qu’elle choisira finalement de ne pas poursuivre, attirée par la dimension business de l’industrie. Elle rejoint alors Danone, où elle évolue depuis plus de 20 ans sans jamais perdre de vue son fil rouge : le produit, le consommateur, et la texture.
De Blédina à l’ultra-frais, en passant par les laits infantiles et les produits allégés, Cécile traverse les catégories avec exigence. À Londres, où elle dirige la R&I pour plusieurs pays de 2017 à 2022, elle découvre le management à l’anglo-saxonne avec une forte culture de la performance associée à la liberté d’action individuelle comme un levier de réussite. Cela transforme sa vision du travail.
Revenue en 2022 pour diriger la R&I Danone France, elle pilote une équipe agile tournée vers l’amont (veille, briefs d’innovation) et l’aval (qualité produit, retours marché), sans être en charge du développement. Mais la technique est toujours là : « Je parle texture, pH, bactéries, sécurité, nutrition tous les jours. L’ingénieur ne sait pas tout, mais il doit savoir où tout trouver. »
Insatiable curieuse et exploratrice (elle a visité plus de 500 sites UNESCO), elle défend une approche incarnée de l’innovation. « L’innovation, ce n’est pas sur commande. » Elle vient dans l’inattendu, parfois au milieu d’une nage.
À l’ENSIA, elle garde un souvenir fort du Concours de Cuisine des Grandes Écoles, qu’elle organisait aux côtés de chefs étoilés comme Christophe Felder. C’est ainsi dans les cuisines du Crillon, qu’elle prend conscience de l’importance du goût, de la qualité des ingrédients… et de la nécessité de toujours tester soi-même ce que l’on développe.
Pianiste, nageuse, mère de famille et professionnelle engagée, elle cultive une conviction simple : « Il n’y a pas de performance sans équilibre. »
À la jeune génération, elle adresse un message clair : « Partez loin, très tôt, loin des sièges. Faites votre puissance technique avant d’aller faire votre puissance business. »
Ce portrait a été rédigé par Léa Vivier (APT 25), membre du pôle alumni du BDE 199 (2024/2025)
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