Le rôle de l'agriculture dans le mix énergétique de la France reflète la double préoccupation du réchauffement climatique et du déficit énergétique de la France. En ce qui concerne le réchauffement climatique, l'énergie produite par l'agriculture pourrait être un moyen d'y répondre. Elle peut en effet mobiliser la photosynthèse pour transformer le gaz carbonique de l'atmosphère en carburant. En ce qui concerne le déficit énergétique de la France, à chaque crise de l'énergie, cette préoccupation fait reconsidérer les capacités agricoles.

Dans une civilisation industrielle qui ne satisfait ses besoins énergétiques qu'avec des émissions incontrôlées, générant la menace du réchauffement climatique, l'agriculture pourrait-elle assurer le captage et le recyclage du CO2 ?  La question en soulève d'autres, proposées pour le débat du 11 octobre :

1. La production d'énergie agricole risque-t-elle d'ouvrir une nouvelle voie de spécialisation pour l'agriculture productiviste et ainsi détourner l'agriculture de la transition agroécologique ?
2. La production énergétique agricole est-elle compatible avec le maintien des systèmes d'exploitation agricoles familiales (paysannes) qui prévalent encore aujourd'hui en France ? Ne risque-t-elle pas d'accélérer la financiarisation des exploitations agricoles ?
   

3. En réduisant la consommation d'énergie dans les proportions envisagées dans les plans de transition énergétique, certains exercices de prospective semblent indiquer que l'agriculture pourrait maintenir des niveaux de production et de revenus raisonnables. Dans ces conditions, l'agriculture pourrait-elle devenir productrice d'énergie ? 
4. A quel prix faudrait-il payer le carburant agricole ? Un prix élevé encouragerait la production. Faudrait-il un prix uniformément élevé pour toutes les énergies afin de décourager les émissions ? Faudrait-il fixer le prix de l'énergie au coût de la capture du CO2 atmosphérique ?
5. Quel rôle pour les ingénieurs Agros dans ces perspectives, notamment dans la conception des politiques publiques, la recherche-développement (notamment les solutions fondées sur la nature), la formation et l'éducation de l'opinion ?